Dans le monde des constructeurs de page, Oxygen est un outsider, loin des poids lourds du marché. Et pourtant… il ne manque pas d'atouts pour séduire.
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Il y a quelques années déjà que j’ai découvert Oxygen, le constructeur de page qui, de fait, est plus un thème vierge qu’un constructeur de page. Son approche assez austère m’avait rebuté. Et puis il y avait Elementor et sa licence annuelle à 199€ pour 1 000 installations. Ce n’est pas cher en soi, mais chaque année, il faut renouveler.
Alors, quand Elementor a revu sa politique tarifaire à la hausse, j’ai comparé les fonctionnalités et les tarifs des constructeurs de page pour WordPress. Dont Oxygen. J’ai décidé de tenter l’expérience, vu que je n’avais pas grand chose à perdre, si ce n’est un peu de temps.
Je ne vais pas présenter de manière détaillée Oxygen, cet article n’est qu’une présentation générale du constructeur de page et de ses performances.
Nous allons commencer par une présentation du produit…
Le constructeur de page Oxygen
Si l’homme est une femme comme les autres… Oxygen n’est pas un constructeur de page (ou page builder, en anglais) comme les autres. Pour être exact, c’est un constructeur pour WordPress. Constructeur de page effectivement, mais pas que. Constructeur de thème également. Vu que lorsque vous activez Oxygen, vous désactivez de facto les thèmes.
Donc un framework, plus proche dans sa philosophie de Genesis que d’Elementor ou de Gutenberg. Un Genesis WYSIWYG (très) amélioré. Qui permet d’habiller un site ET de créer un modèle de page ou d’article, au-delà de ses capacités effectives à créer une page en mode constructeur de page « à la » Elementor dont il n’est décidément proche ni dans l’esprit, ni dans le mode opératoire.
À noter qu’il n’existe pas de version lite d’Oxygen. On passe à la caisse, directement. Mais la douloureuse ne l’est finalement pas tant que ça, vu qu’il s’agit d’une licence lifetime (à vie) pour un nombre illimité d’installations et qu’il n’y a pas besoin d’investir dans un thème en sus du constructeur de page. De 99 à 249$, en fonction de vos besoins. Moins lors d’opérations promotionnelles.
L’interface d’Oxygen
Pour accéder à un modèle (nommé template) on passe d’abord par un écran classique, un peu « à la » Elementor – sauf que dans le cas présent, on n’est pas sous Gutenberg mais dans une interface qui n’est pas sans rappeler l’ancien éditeur par défaut.
De là, on accède à l’éditeur WYSIWYG. Pas de la construction en front, mais on s’en approche.
Les modules internes d’Oxygen
Il y a largement de quoi créer une page, de quoi créer un site… sections, colonnes, titres, textes, liens, contenu dynamique (titre, contenu du post – page ou article – résumé, image à la une, etc.). On est dans le correct, sans plus, un peu du niveau d’Elementor en version gratuite. Avec des modules pour la création d’en-tête, de sliders, d’archives… en fait il ne manque rien d’essentiel. Il y a quelques modules que je considèrerais comme superflus, mais mieux vaut trop que pas assez.
Les addons Oxygen
Oxygen n’est pas Elementor, il n’y a pas une liste infinie d’extensions dédiées à ce constructeur de page. C’est bien le diable si on atteint la dizaine dans le dépôt officiel WordPress (j’en ai trouvé pour ma part moins de cinq), et la dizaine en extensions payantes.
Les extensions gratuites, très honnêtement, ne valent pas vraiment le déplacement, à l’exception de Oxygen Mobile Submenu qui permet au menu mobile de se contracter / déplier, de WPDevDesign – Oxygen – Navigator qui permet un accès facilité aux modèles Oxygen depuis la barre d’administration de WordPress, et de WPDevDesign – Oxygen – Rank Math Integration qui analyse les pages créées avec Oxygen pour le score Rank Math.
À noter que les deux dernières extensions viennent de WPDevDesign, qui nous offre également tout un stock de tutoriels (en anglais) sur Oxygen.
Par contre, la plupart des extensions payantes sont de grande qualité et à jour. Et, pour ne rien gâcher, les licences sont lifetime…
Les performances d’Oxygen
Là, quand on parle performances, on aborde LE sujet sensible. Et pour tester en conditions réelles d’utilisation, j’ai répliqué mon site, j’ai installé Oxygen, j’ai reproduit le design des articles. Et j’ai lancé toute une batterie de tests. Tests empiriques d’abord (ai-je vraiment le design que je veux, l’expérience utilisateur est-elle identique au niveau visuel et au niveau des fonctionnalités…) puis tests avec Pagespeed Insights et GTmetrix. Résultat sans appel. J’en ai profité pour relooker (légèrement) le blog. Exit la barre latérale, exit quelques extensions assez gourmandes en ressources… le gain est assez intéressant. On verra dans la durée si ce lifting a un impact significatif sur la fréquentation du blog et sur le classement dans les pages Google.
Mais pour les besoins de l’article, je n’ai pas utilisé les résultats de mon blog, vu que j’ai changé un certain nombre de composants.
En premier lieu, un test brut, pour avoir une idée avec une installation vierge, et Oxygen comme seule extension activée… configuration totalement irréaliste mais qui donne le ton, avec le nombre minimal de requêtes, le poids minimal des pages sans mise en cache, le temps de chargement incompressible. Et honnêtement, c’est bien, sans être extraordinaire : on est au niveau de Suki (pour information 0,6s, 28,5Ko et 6 requêtes dans sa dernière version, la 1.2.13 au moment du test), qui déjà place la barre très haut. 364ms, 34,6Ko et 5 requêtes.
Difficile de faire vraiment mieux. Si Suki intègre un design de base, ce que Oxygen ne fait pas, Oxygen remplace a minima Elementor, qui génèrerait davantage de requêtes.
À titre d’exemple, j’ai testé les deux configurations : la page d’exemple standard avec Suki + Elementor, puis avec Oxygen. Les résultats se passent de commentaires : 20 requêtes, 200Ko et 0,5s en plus pour le duo Suki / Elementor, contre toujours 5 requêtes, 0,9Ko et à peine 57ms de plus pour Oxygen. Le poids lourd des constructeurs de page mérite bien son statut 😐
Mais je l’ai dit, cette configuration n’est de toute façon pas réaliste, c’est une configuration de base pour un test a minima.
Pour avoir une base intéressante, j’ai comme toujours commencé par une installation neuve de WordPress (deux dans le cas présent). Même VPS, même base d’extensions, même configuration. J’ai ensuite créé un site one page, avec Elementor et le thème Hello, et avec Oxygen, sans thème. J’ai tenté de créer des pages aussi proches que possible visuellement, même si ce n’est pas forcément évident.
Voici les deux pages :
Deux pages a priori similaires. Une première section en pleine page, quelques sections, un menu fixe transparent et un pied de page. Quelques effets (parallax et smooth scrolling principalement). Je ne me suis pas préoccupé des hauteurs de sections ou des réglages exacts des marges ou de ce type de détails sans intérêt : une marge de 75px et une de 3em ne sont pas similaires, mais ne prennent pas plus de temps à charger l’une ou l’autre.
Mais les tests, eux, ne disent pas la même chose : la ressemblance s’arrête où les tests commencent…
Tests GTmetrix
Il y a deux parties intéressantes dans les tests GTmetrix :
- en premier lieu, le rapport Web Vitals qui concerne le rendu visible
- et Page Details, qui, au-delà du temps de chargement total, est un peu plus technique : taille de la page avec les principaux composants, et nombre de requêtes
Si GTmetrix les met dans un mouchoir de poche, avec un très lèger avantage à Oxygen, on remarquera quand même que le poids de la page, et que le nombre de requêtes sont nettement en faveur d’Oxygen.
Tests PageSpeed Insights
Si Oxygen n’est pas au top :
PageSpeed n’est pas tendre avec Elementor Pro :
Et pour le rendu sur un ordinateur, les résultats sont à nouveau sans appel :
Les données de laboratoire ne laissent aucune place au doute :
Clairement, Oxygen est plus léger et permet de gagner en rapidité de manière significative. Et ce type de gain, c’est un gain inestimable côté SEO.
Quel intérêt à passer à Oxygen ?
Nous l’avons vu au fil des tests dans le paragraphe précédent, et c’est même la conclusion du paragraphe précédent, Oxygen permet d’obtenir des pages plus légères, qui se chargent plus rapidement et permettent d’obtenir un meilleur score sur PageSpeed Insights – et qui dit meilleur score dit meilleur référencement. Même si le poids des pages ne fait pas tout, n’oubliez pas que Google indexe en mode mobile first. Donc un site responsive (mais ce point est acquis depuis longtemps déjà) et rapide à charger. Et c’est également valable pour tous les autres moteurs de recherche, qui, s’ils ne drainent pas autant de trafic que Google, ont quand même leur utilité et vous font gagner une part de votre audience.
Il ne faut pas oublier non plus l’expérience utilisateur (UX pour les intimes) qui profite de cette rapidité. Le taux de rebond devrait sensiblement baisser, et c’est un autre point qui améliore le classement Google. Et c’est normal : un site sur lequel l’utilisateur passe du temps est censé être plus intéressant qu’un site dont les utilisateur repartent avant même d’avoir eu la page affichée dans son intégralité – et vu que notre ami Google se préoccupe énormément du ressenti de ses visiteurs… même si ce n’est pas par pure bonté d’âme 😉
Du point de vue du développeur pour finir, Oxygen permet de structurer le contenu du site et des pages. Si le contenu des articles reste le pré carré de Gutenberg, son intégration dans un modèle Oxygen lui donne déjà une structure générale. Et le HTML
produit par Gutenberg est plutôt de bonne facture - il n’y a pas de code vraiment inutile, il est (comme celui d’Oxygen) conforme aux recommandations du W3C. Pas de balises inutiles, juste ce dont on a besoin pour construire sa page.
Vais-je passer à Oxygen ?
La question… Oxygen n’est pas aussi souple d’utilisation que d’autres constructeurs de pages, Elementor en tête. Personnellement, il va me falloir réussir à l’apprivoiser. Pas simple…
Il n’y a pas autant d’addons que pour Elementor ou que pour Beaver Builder, mais bien évidemment plus que pour Brizzy qui n’en a aucun à l’heure actuelle.
Sa philosophie est différente elle aussi, même si Elementor Pro permet lui aussi de créer un site de A à Ζ – mais en prenant un thème pour support.
un (tout petit) point négatif, Oxygen ne semble pas compatible PHP8. J’ai dû repasser mon hébergement en PHP 7.4, hélas 😭
Ceci-dit, au vu des performances, et de la facilité à construire un site complet avec l’éditeur… je n’ai pas pu m’empêcher de passer mon blog sous Oxygen, avec des performances vraiment meilleures qu’auparavant, dont des temps de chargement de la page et d’affichage du contenu principal divisés par deux, au moins.
Je vais certainement le réutiliser, en fonction des projets que j’aurai à mener. Mais je n’ai fait qu’effleurer les capacités de ce constructeur de page qui me réserve, j’en suis certain, bien des surprises.
Et vous, quel constructeur de page utilisez-vous ? Oxygen, Elementor, Beaver Builder ? Ou tout simplement le très prometteur Gutenberg ?