J’ai essayé… Gutenberg

Gutenberg, le nouvel éditeur par défaut de WordPress, prévu pour être intégré dans la version 5 de WordPress, ne manque pas de susciter des réactions, parfois épidermiques - mais qu'en est-il réellement ? J'ai testé pour vous cet outil, je vous livre mes impressions.

Cet article prend 9 minutes à lire et comporte 2162 mots.

Depuis de mois, on en entend par­ler, par­tout, sur tous les blogs sérieux dédiés à WordPress. Depuis des mois, son nom est dans toutes les bouches. On aime, on n’aime pas. On en veut, on n’en veut pas. Il va arri­ver. Il arrive. Enfin, bien­tôt. En fait, il est déjà là, à votre porte (ou plu­tôt dans les exten­sions dis­po­nibles du dépôt WordPress). Et c’est… Gutenberg, le nou­vel éditeur.

Bon, d’ac­cord, ils veulent tout chan­ger. Ils veulent nous impo­ser ce nou­vel édi­teur. Ils veulent…  Ils, c’est bien sûr Matt et ses aco­lytes. Et nous, en bons fran­çais bien râleurs et indis­ci­pli­nés, si ils veulent nous l’im­po­ser, eh bien nous, for­cé­ment, on en veut pas. Pour rien au monde. Même si WordPress nous en parle dans une page dédiée, en fran­çais, rien que pour nous donc 😉 Une page où tout est expli­qué, bien mieux que je ne pour­rais vous l’ex­pli­quer. Il y a même des images, c’est pas peu dire !

L’annonce du chan­ge­ment a pro­vo­qué un tol­lé dans la com­mu­nau­té WordPress fran­çaise. Si l’on trouve bien heu­reu­se­ment des articles van­tant les qua­li­tés du nou­vel édi­teur, on en trouve plus encore pour le cri­ti­quer – à tort ou à raison.

On trouve des conseils par­fois peu avi­sés sur des sites consi­dé­rés comme des sites d’ex­perts, tel celui qui pro­pose comme solu­tion pos­sible de res­ter sur la ver­sion 4.9 de WordPress plu­tôt que de pas­ser à la ver­sion 5, le jour venu. Quand on sait que chaque ver­sion (majeure ou mineure) cor­rige des failles de sécu­ri­té et  des bugs, il est (très) dif­fi­cile de prendre au sérieux l’au­teur de l’article.

De plus, bien des cri­tiques n’ont plus lieu d’être, elles valaient pour les toutes pre­mières ver­sions de l’é­di­teur qui a énor­mé­ment évo­lué en un temps record avec une liste kilo­mé­trique de modi­fi­ca­tions à chaque nou­velle version.

La ver­sion 2.7 par exemple per­met d’ou­vrir un lien dans un nou­vel onglet (ou une nou­velle fenêtre), le bou­ton qui sert à créer le lien sert aus­si à le sup­pri­mer (le lien, pas le texte) en même temps qu’elle intro­duit un rac­cour­ci cla­vier pour bas­cu­ler de l’é­di­teur visuel à l’é­di­teur en mode texte (Ctrl  + Maj  + Alt  + M — je vous l’ac­corde, ce n’est pas facile à com­po­ser ou à rete­nir) et qu’elle per­met la pagi­na­tion (c’est une fonc­tion­na­li­té de WordPress, mais elle n’a­vait pas encore été implé­men­tée dans Gutenberg).

Au final, c’est peut-être pas plus mal que notre bon vieil édi­teur auquel on est habi­tués. Peut-être même que c’est mieux. Alors, on se la joue fran­çais ou on le teste, cet édi­teur ? Je ne sais pas pour vous, mais moi, j’ai bien envie d’es­sayer. Allez, on se lance !

Introduction à Gutenberg

Pourquoi ce nom ?

Même si vous n’êtes pas féru d’Histoire, vous avez déjà enten­du par­ler de Johannes Gutenberg, qui a révo­lu­tion­né l’im­pri­me­rie en inven­tant les carac­tères mobiles. Voila le pour­quoi du nom du nou­vel édi­teur : il va révo­lu­tion­ner l’é­di­tion dans WordPress, donc dans 30% des sites en ligne à ce jour.

Comment ? Tout sim­ple­ment en ne pre­nant plus le texte comme un enti­té de base, mais comme un tout com­po­sé d’élé­ments.

Auparavant, vous écri­viez un article, tout comme les impri­meurs gra­vaient une page entière sur une plaque de bois avant de l’im­pri­mer. En uti­li­sant Gutenberg, vous tra­vaille­rez sur des blocs, tout comme Gutenberg qui uti­li­sa des carac­tères réuti­li­sables et inter­chan­geables pour com­po­ser une page.

Un peu de technique

Des blocs, donc. L’idée n’est pas nou­velle, elle est uti­li­sée depuis long­temps par les construc­teurs de page. Mais Johannes Gutenberg intro­duit le construc­teur de page dans le cœur même de WordPress – et çà, c’est une (petite) révolution.

On tra­vaille donc avec des blocs. Ces blocs sont réuti­li­sables. Ils sont tous créés de la même manière, et il est pos­sible d’é­tendre les capa­ci­tés de l’é­di­teur en créant de nou­veaux types de blocs.

Créer une fois pour uti­li­ser par­tout, ce n’est pas sans rap­pe­ler le carac­tère mobile de Johannes Gutenberg.

Installation de l’éditeur Gutenberg

Pour le moment, Gutenberg n’est pas inté­gré dans WordPress (oui, oui, je sais, il devait l’être… mais au moins, on a tout notre temps pour nous faire à l’i­dée qu’un jour, il va vrai­ment fal­loir s’y mettre).

Pour ceux qui ne sont pas à l’aise avec les exten­sions, j’ai rédi­gé un article (Installer, acti­ver, mettre à jour et sup­pri­mer une exten­sion WordPress)  que je vous invite à lire.

Ça y est ? Vous avez ins­tal­lé et acti­vé Gutenberg ? Parfait ! Vous avez une entrée sup­plé­men­taire dans le menu d’administration :

Menu Gutenberg
Menu Gutenberg

Et là, vu que j’é­cris mon article direc­te­ment avec ce nou­vel édi­teur, for­cé­ment, je com­mence à râler : mon image est sup­po­sée être cen­trée. Ce qui est le cas dans l’é­di­teur. Mais pas dans le ren­du final. À voir si c’est uni­que­ment avec Twenty Seventeen (oui, j’ai tes­té Gutenberg sur une ins­tal­la­tion de test, je ne l’ai pas ins­tal­lé sur un blog en pro­duc­tion !) ou si le pro­blème est récurrent.

Prise en main de Gutenberg

Grosso modo, pour le moment, je le trouve bien sym­pa, mais un peu limi­té, c’est vrai. Ce n’est pas gagné, je sens que je vais batailler.

Mais bon. Je découvre l’é­di­teur, je ne le connais pas encore très bien. Il va me fal­loir lire la docu­men­ta­tion – en anglais – et peut-être même cher­cher sur le web. On ver­ra plus tard.

L’interface est agréable, claire, aérée, un peu du Medium like.

Interface de l'éditeur
Interface de l’éditeur

La barre laté­rale de l’é­di­teur (à droite) cor­res­pond plus ou moins à celle de l’é­di­teur actuel, mais des élé­ments pré­cé­dem­ment pla­cés sous l’é­di­teur se retrouvent dans cette barre, comme l’ex­trait par exemple.

La prise en main est intui­tive. On clique dans l’é­di­teur, et la sai­sie commence.

On peut choi­sir le type de bloc à uti­li­ser (titre, para­graphe, image…) via le petit dès que l’on est en mode édition.

La barre d’ou­tils (adap­tée au type de bloc en cours d’é­di­tion) se posi­tionne juste au des­sus du bloc cou­rant, elle n’est pas visible lorsque l’on écrit, mais il suf­fit de pas­ser la sou­ris sur le bloc pour qu’elle appa­raisse. Les réglages avan­cés sont acces­sibles via l’el­lipse ver­ti­cale située à droite du bloc.

outils d'édition
outils d’é­di­tion

Si vous n’ai­mez pas la barre d’é­di­tion flot­tante, vous pou­vez la col­ler en haut de la fenêtre d’é­di­tion en cli­quant sur l’el­lipse ver­ti­cale en haut à droite puis sur Fixer la barre d’ou­tils en haut. Positionnée en haut, elle reste visible tant que vous êtes en mode édi­tion (autre­ment dit, tant que vous ne quit­tez pas le bloc).

barre d'outils en haut
barre d’ou­tils en haut

Dans la barre d’ou­tils fixée en haut de l’é­di­teur (celle par défaut), vous avez un icone d’in­for­ma­tion ; en cli­quant des­sus, vous aurez le résu­mé de votre article : le nombre de mots, de titres, de para­graphes… mais aus­si la struc­ture-même de l’ar­ticle basée sur la hié­rar­chie des titres (pour mémo, de h1 à h6).

Résumé de l'article
Résumé de l’article

Comme j’é­cris au fur et à mesure de ma décou­verte, je rema­nie, je change l’ordre de mes paragraphes.

Et là, nou­velle limi­ta­tion, on ne peux pas faire un copier col­ler, il faut pas­ser par les petites flèches à gauche des blocs. C’est d’un pra­tique, je vous fais pas un des­sin 🙁 À quand le drag’n drop des construc­teurs de page ? Et voi­là, enfin ! Depuis la ver­sion 2.6.0 il est pos­sible de dépla­cer des blocs soit en uti­li­sant les flèches à gauche des blocs, soit en glis­sant / dépo­sant (une petite main : vous indique que vous pou­vez sai­sir le bloc).

Et… on peut aus­si copier / col­ler, mais il faut se posi­tion­ner dans le bloc, sélec­tion­ner tout avec les touches Ctrl  et A  ou un triple clic – soit quatre clics avec le pre­mier qui per­met de se posi­tion­ner dans le bloc.

Ne cher­chez pas à enre­gis­trer votre brouillon, il s’en­re­gistre auto­ma­ti­que­ment à inter­valles régu­liers. Mais si vous cli­quez sur Planifier, vous pour­rez l’en­re­gis­trer, oups, le publier. Ce qui n’était pas mon intention 🙁

L’astuce, c’est de cocher l’op­tion En attente de relec­ture, dans la barre laté­rale droite de l’é­di­teur. Et là, vous récu­pé­rez le bou­ton Enregistrer le brouillon entre deux sau­ve­gardes auto­ma­tiques. Dépêchez-vous si vous tenez à cli­quer des­sus, il y a des sau­ve­gardes auto­ma­tiques à tout bout de champ !

Bilan de cet essai rapide : pas mal, inté­res­sant, mais peut mieux faire. Même pour écrire un article de blog, ce n’est pas encore tout à fait au point dans sa ver­sion de base. Mais en com­pa­rant avec les toutes pre­mières ver­sions, que de che­min parcouru !

Prochaine étape, aller cher­cher dans le dépôt WordPress s’il y aurait, par le plus grand des hasards…

Des extensions à Gutenberg

C’est bien connu, il y a des mil­liers d’ex­ten­sions pour per­son­na­li­ser WordPress et y ajou­ter des fonc­tion­na­li­tés (et pour en enle­ver parfois).

Petit détour par le dépôt donc. Bonne sur­prise, il y a des exten­sions. Et pas qu’un peu. La plu­part com­pa­tibles avec la der­nière ver­sion de WordPress. Je vais pou­voir faire mon marché.

Le mot clé pour cette recherche ? Je vous le donne en mille… et puis non, je vais pas vous vexer quand même, faites un petit effort, vous allez trou­ver tous seuls comme des grands 😉

Et voi­là, encore une fois, je sens que je vais râler… ça vient… ça y est, je râle : par défaut, l’é­di­teur de lien n’est pas aus­si com­plet que celui de l’é­di­teur clas­sique, impos­sible de mettre un lien en ouver­ture dans un nou­vel onglet. On ver­ra plus tard.

La plus inté­res­sante me semble Advanced Gutenberg Blocs – je l’ai d’ailleurs installée.

Cette exten­sion per­met d’af­fi­cher une exten­sion (eh oui !), juste en entrant son nom dans la boîte de dia­logue de la barre laté­rale de l’éditeur.

bloc d'affichage d'extension
bloc d’af­fi­chage d’extension

Elle per­met aus­si d’af­fi­cher des vignettes pour l’a­per­çu d’un article ou d’un site, pour insé­rer une notice, un pro­duit WooCommerce, une publi­ci­té, un témoi­gnage, une carte Google Maps… un cou­teau suisse en quelque sorte.

bloc d'affichage des notices
bloc d’af­fi­chage des notices

Il y a éga­le­ment 5 exten­sions par Gutenkit, cha­cune per­met­tant une action bien pré­cise : une pour les tables de prix, une pour les port­fo­lios, une pour tweeter…Vous les trou­ve­rez faci­le­ment en sai­sis­sant guten­kit au lieu de guten­berg dans le dépôt WordPress – ou en sui­vant le lien en début de paragraphe.

Il y a pour finir l’an­ti-guten­berg, Classic Editor, l’arme ultime pour les réfrac­taires à la nou­veau­té, qui vous per­met de récu­pé­rer l’é­di­teur clas­sique de WordPress, en com­plé­ment à Gutenberg ou pour rem­pla­cer Gutenberg. Utile pour cer­taines exten­sions qui n’ont pas migré vers Gutenberg pour l’é­di­tion de Custom Post Types par exemple.

Vous ne trou­vez pas votre bon­heur dans le dépôt WordPress, et la mise en page est trop limi­tée pour votre usage habi­tuel ? Pas de pro­blème, utilisez…

Les constructeurs de page compatibles avec Gutenberg

Beaver Builder a annon­cé il y a déjà quelque temps sa com­pa­ti­bi­li­té avec l’é­di­teur de blocs dès la ver­sion 2.1 (de Beaver Builder) qui vient de sor­tir. Nous avons donc main­te­nant un construc­teur de page com­pa­tible Gutenberg.

J’ai tes­té, on passe d’un édi­teur dans l’ad­mi­nis­tra­tion de WordPress à un édi­teur 100% WYSIWYG. Et il est pos­sible de pas­ser de l’un à l’autre depuis Gutenberg, avec à chaque fois une conver­sion qui n’af­fecte pas — a prio­ri — le ren­du visuel. À tes­ter plus avant… ce que je ne man­que­rai pas de f aire.

Les équipes der­rière WPBakery Visual Composer, siteOrigin Page Builder, Elementor et Divi Builder tra­vaillent elles aus­si à rendre leur construc­teur de page com­pa­tible avec Gutenberg.

Alors si vous avez besoin de mises en pages com­plexes, vous pour­rez tou­jours faire appel à ces construc­teurs de pages plu­tôt que de râler après les limi­ta­tion de l’é­di­teur par défaut.

Bilan

Rien n’est jamais tout blanc ou tout noir. On va du gris (très) clair au gris (très) fon­cé. Tellement clair qu’on pour­rait se méprendre et le prendre pour du blanc, ou à l’in­verse… vous avez saisi.

L’avenir de l’é­di­tion dans WordPress ? Peut-être, mais pour l’heure, je ne suis pas réel­le­ment encore convain­cu. C’est clair, intui­tif, agréable, ça a un goût pro­non­cé de revenez‑y, mais pour vrai­ment rem­pla­cer notre bon vieil édi­teur il va encore fal­loir amé­lio­rer l’ensemble.

Sans par­ler des exten­sions direc­te­ment liées à l’é­di­teur WordPress actuel, qui ne seront pas toutes mise à jour pour une uti­li­sa­tion avec Gutenberg : une exten­sion qui a des dizaines de mil­liers d’ins­tal­la­tions actives à tout inté­rêt à suivre le mou­ve­ment, voire à l’an­ti­ci­per comme l’ont fait les construc­teurs de pages, mais une exten­sion qui a quelques cen­taines, voire quelques mil­liers d’u­ti­li­sa­teurs sera-t-elle mise à jour ?

Tout dépen­dra de l’é­quipe de déve­lop­pe­ment (sou­vent un seul déve­lop­peur), du temps dis­po­nible, de l’op­por­tu­ni­té en termes de ren­ta­bi­li­té ou de visi­bi­li­té… autant dire que ce n’est pas gagné.

Et quant à rem­pla­cer les construc­teurs de pages (mais ce n’est pas — à court terme — le but recher­ché par Gutenberg) à moins d’a­voir des besoins de mise en page très, très basiques, la ques­tion ne se pose même pas.

Pour ma part, je vais conti­nuer à tes­ter, ten­ter de créer un bloc per­son­na­li­sé,  lire la docu­men­ta­tion offi­cielle et offi­cieuse… tout un pro­gramme. Et, de fait, je me dis que si je créais un blog aujourd’­hui, je pren­drais cer­tai­ne­ment Gutenberg comme édi­teur — pour ne pas avoir à migrer mes articles le jour où il devien­dra l’é­di­teur par défaut, et parce que fina­le­ment, il a des atouts non négli­geables face à l’é­di­teur actuel.

Et vous, êtes-vous pas­sé à Gutenberg, ou envi­sa­gez-vous d’y pas­ser ? N’hésitez pas à par­ta­ger votre expé­rience, à poser vos ques­tions dans les commentaires.

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